Les HCL et la Métropole de Lyon lancent le Cogitoscope : un agent conversationnel pour mieux anticiper les troubles cognitifs liés au cancer

Les troubles cognitifs liés au cancer touchent jusqu'à 72 % des patients sous traitement oncologique. Ceux-ci peuvent affecter la mémoire, l’attention et les fonctions exécutives mais restent encore largement méconnus. Pour répondre à cet enjeu majeur de santé publique, les HCL et la Métropole de Lyon accompagnent le déploiement de l'agent conversationnel Cogitoscope.

L'agent conversationnel Cogitoscope a été conçu pour détecter, informer et accompagner les patients souffrant de troubles cognitifs associés aux traitements du cancer.

Cogitoscope : un nouvel outil numérique pour une meilleure détection des troubles cognitifs

Les troubles cognitifs liés au cancer, souvent appelés « brouillard cognitif » ou CRCI (“cancer related cognitive impairment”), touchent entre 40 % et 72 % des patients en cours de traitement.

Ces troubles incluent :

  • des problèmes d’attention,
  • de concentration,
  • une diminution de la vitesse de traitement de l’information
  • et des modifications des fonctions mnésiques, attentionnelles, d’expression-compréhension et exécutives.

Près de 60 % des patients signalent des séquelles persistantes deux à cinq ans après leur diagnostic, ce qui impacte leur vie sociale, familiale et professionnelle, et constitue une cause de handicap invisible. Malgré leur prévalence et leur impact significatif, ces troubles sont encore insuffisamment traités par rapport à d’autres enjeux tels que l’activité physique.

Dans ce contexte, le Cogitoscope se présente comme une solution numérique innovante. Son objectif : fournir un soutien personnalisé et continu aux patients tout au long de leur parcours de soins.  Grâce à son interface interactive, il facilite la détection précoce des troubles cognitifs.

Destiné aux patients, mais aussi aux aidants et aux professionnels en santé, il vise à donner de l’information facile et valide et à sensibiliser à cette problématique durant le parcours de soins des patients oncologiques. Il permet de répondre aux questionnements des patients à partir du constat de difficultés répétées du quotidien (difficultés de concentration, plainte de tout oublier, de devoir tout noter, de chercher ses mots très régulièrement, d’être en incapacité à faire deux choses en même temps…).

En pratique, le chatbot n’a pas vocation à faire de l’évaluation clinique, mais plutôt à proposer des informations personnalisées, facilitant une meilleure compréhension des difficultés rencontrées et donnant des informations sur ces troubles et les stratégies à mettre en place pour pallier les difficultés du quotidien.

Il repose sur l’implication active des patients dès les premières étapes de leur parcours de soins afin d’améliorer leur qualité de vie.

Un accompagnement sur mesure pour les patients et les soignants

Le Cogitoscope est le fruit d’une collaboration entre médecins, chercheurs en neurosciences, experts en intelligence artificielle et patients partenaires. Il est ainsi co-porté par le Docteur Laurence HAVE, médecin de Médecine Physique et de Réadaptation, le Professeur Sophie JACQUIN-COURTOIS, cheffe du service de médecine physique et de réadaptation de l’hôpital Henry Gabrielle, Karen REILLY, chercheure au sein de l'Équipe Trajectoire du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL), Lydie CATALANO de la société IA Médical et Laurie PANSE, patiente partenaire. Conçu à partir de données scientifiques validées, il s’inscrit dans une démarche d’innovation centrée sur le patient.

Son développement a été rendu possible grâce au financement obtenu dans le cadre de l’appel à projet PAIR 2023 co-organisé par les Hospices civils de Lyon et la Métropole de Lyon.

En combinant expertise médicale et technologie avancée, le Cogitoscope optimise la détection des troubles cognitifs. Ses bénéfices sont nombreux :

Pour les patients :

  • Reconnaitre et identifier d’éventuels troubles.
  • Donner des informations et conseils adaptés pour mieux comprendre et gérer les troubles.
  • Accompagner à la prise de conscience d’un fonctionnement différent (métacognition) pour mieux comprendre et mieux gérer les symptômes.
  • Apporter des pistes pour un suivi personnalisé tout au long du traitement pour limiter les séquelles à long terme.

Grâce au Cogitoscope, les patients peuvent poser leurs questions librement, à leur rythme et selon leurs besoins, bénéficiant ainsi d’un accompagnement clair, bienveillant et accessible à tout moment.

Pour les soignants :

  • Proposer un levier pour sensibiliser les équipes médicales et soignantes à l’importance d’une prise en charge systématique des troubles cognitifs dès les premières consultations.
  • Faciliter l’orientation plus rapide des patients vers des prises en charge spécifiques et adaptées.
  • Disposer d’un outil d’aide au repérage précoce des possibles facteurs de vulnérabilité cognitive.
  • A terme, proposer une meilleure orientation des patients vers des parcours de soins adaptés.

En intégrant le Cogitoscope au parcours de soins, la prise en charge des troubles cognitifs évolue vers une approche proactive, personnalisée et intégrée, améliorant ainsi le quotidien des patients.

Un enjeu de santé publique : mieux détecter pour mieux accompagner

Déployé aujourd’hui au sein des Hospices Civils de Lyon, le Cogitoscope ambitionne de faire du dépistage des troubles cognitifs un élément central du parcours de soins en oncologie. En favorisant une détection plus précoce et un accompagnement adapté, il contribue à atténuer les conséquences fonctionnelles des troubles cognitifs post-cancer, à améliorer la qualité de vie des patients et à renforcer la reconnaissance de ces troubles dans la pratique médicale courante.

« Intégrer l’innovation technologique à l’expertise médicale est essentiel pour mieux répondre aux besoins des patients. En sensibilisant à grande échelle et en optimisant la prise en charge, nous contribuons à une approche plus efficace et humaine de ces troubles encore trop souvent ignorés », explique le Professeur Sophie JACQUIN-COURTOIS, cheffe du service de médecine physique et de réadaptation de l’hôpital Henry Gabrielle et l’une des porteuses du projet.

Et après ?

L’assistant numérique pour les troubles cognitifs peut répondre aux besoins des patients en traitement de cancer. Sous couvert d’adaptation, il pourrait également répondre aux besoins de patients présentant d’autres pathologies (COVID long, pathologies endocriniennes, pathologies auto-immunes, pathologies neurologiques…).

Pour le Professeur Sophie JACQUIN-COURTOIS : « Ce dispositif a pour ambition de réduire l'intensité et la durée du handicap cognitif post-cancer. En recueillant des données en collaboration avec les patients et leurs aidants, il permettra également de mieux quantifier l'ampleur du phénomène et d'optimiser les stratégies de prise en charge, de façon individualisée. »

Aujourd’hui opérationnel, le déploiement de cet outil passe par une sensibilisation renforcée auprès des patients comme des médecins et des soignants pour intégrer l’évaluation des troubles cognitifs dès le début du parcours de soins. En favorisant une détection précoce et une proposition de suivi adaptée, il devient possible d’envisager de réduire l’intensité de ces handicaps et d’améliorer significativement la qualité de vie des patients confrontés à ces effets.

« La Métropole de Lyon s’engage en faveur de l’innovation et de la prévention en santé. Grâce au travail conjoint de l’ensemble des acteurs de la santé et des services des HCL et métropolitains, nous proposons désormais un nouvel outil au soutien du dépistage précoce et de la prévention personnalisée. Les retours d’expérience seront précieux pour répondre aux enjeux et problématiques que connaissent les médecins, les patients et leurs aidants dans leur quotidien » souligne Pascal BLANCHARD, Vice-Président en charge de la santé et des Solidarités, de la politique du handicap et du grand âge, de la promotion de la santé publique et du développement social et médico-social.

Avec le Cogitoscope, les Hospices Civils de Lyon et la Métropole de Lyon posent un jalon essentiel pour une reconnaissance et une prise en charge optimisée des troubles cognitifs liés au cancer.

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Le résultat d’un appel à projet PAIR porté par les HCL et la Métropole de Lyon

Le Cogitoscope est issu de l’appel à projets PAIR, une initiative conjointe des Hospices Civils de Lyon et de la Métropole de Lyon, inscrite dans un partenariat visant à promouvoir une approche globale de la santé, de la prévention aux soins et à faire du territoire un moteur d’innovation en santé. Ensemble, les HCL et la Métropole de Lyon développent et favorisent l’émergence d’innovations en santé au service des usagers et renforcent le lien ville-hôpital pour une meilleure prise en charge du patient.

Parmi les projets lancés en 2023, le Cogitoscope, porté par le Centre de Recherche en Neuroscience de Lyon, l’hôpital Henry Gabrielle des Hospices Civils de Lyon, IA medical et une patiente partenaire, a retenu l’attention du jury grâce à son approche novatrice. Il a bénéficié à ce titre d’un financement pour permettre son développement.

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Les fonctions cognitives
- Les fonctions exécutives : faire plusieurs choses à la fois, s’organiser et prioriser les tâches
- La mémoire de travail : retenir les informations et les manipuler dans sa tête
- L’attention : soutenue (lecture), sélective (lecture dans un environnement bruyant), divisée (parler en conduisant)
- La mémoire : court terme et long terme
- Le langage : oral et écrit