« Ici, on peut soigner des cœurs et créer un événement solidaire », Fanny, Léa, Pascale et Rachel

« Et si on organisait une course pour sensibiliser le grand public aux risques cardiovasculaires et à la greffe cardiaque ? », se sont un jour dit Léa, aide-soignante, Rachel et Fanny, infirmières et Pascale, cadre de santé, toutes collègues du service de rythmologie cardiaque de l’hôpital Louis Pradel.

L’idée émerge dans l’esprit de Léa en mai 2021, après les Parcours du Cœur auxquels le service venait de participer. La jeune aide-soignante, qui a intégré le service de rythmologie de l’hôpital Louis Pradel dès l’obtention de son diplôme, en 2019, commence avec ses collègues à imaginer un événement structuré et pérenne, pensé pour embarquer à la fois les équipes soignantes et les patients. Le 13 octobre de la même année, le projet est présenté à la direction de l’établissement. Moins d’un an plus tard, le 11 septembre 2022, 500 personnes se retrouvent dans le Parc de Parilly pour la première édition de la Heart Transplant Run.

Une journée proposant plusieurs parcours de course et de marche imaginée pour sensibiliser à la greffe cardiaque, faire de la prévention en santé cardiovasculaire et retrouver les patients, leurs proches et le grand public en dehors des murs de l’hôpital. Patients, équipes médicales, paramédicales, mais aussi administratives et techniques, jusqu’à l’équipe de direction… Tous ont joué le jeu.

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Bien plus que des collègues : une équipe projet soudée et complémentaire

« C’était le tout premier projet collectif dans le service », expliquent les quatre collègues. Qui, au départ, ne réalisent pas immédiatement ce qui les attend : « L’univers de l’événementiel nous était encore inconnu, mais on savait ce que l’on voulait. Une course, des T-shirts rouges et un stand de massage cardiaque », se souvient Léa. Les soignantes s’adaptent vite à cet important travail de logistique, qui sollicite leur patience, leurs qualités relationnelles et leur sens de l’organisation. Il a fallu monter le dossier pour réserver le Parc de Parilly, contacter les associations partenaires, les sponsors pour le financement, trouver des agents de sécurité, penser aux sanitaires, ajouter des tentes supplémentaires pour agrandir le village des associations, réfléchir aux ateliers animés par les animateurs en activité physique adaptée (APA), accueillir les pompiers qui ont montré les gestes de premiers secours, imaginer les différents stands consacrés à la prévention en matière d’alimentation et de tabac, encadrer les bénévoles.

La complémentarité de leurs compétences a été leur alliée, souligne Pascale, d’abord infirmière pendant 15 ans - principalement aux HCL, qu’elle a choisis pour pouvoir travailler sur plusieurs sites et dans plusieurs spécialités - puis cadre de santé depuis 2008 : « On avait chacune nos missions, avec des points réguliers. » Léa, l’inspiratrice, a proposé les idées ; Rachel, la pragmatique, a imaginé et testé les différents parcours de course ; Fanny, l’organisée, a géré tout le volet administratif ; Pascale, la cadre communicante, s’est occupée du « porte-à-porte » pour relayer l’événement au sein des établissements des HCL. Toutes se disent enrichies par ces nouvelles missions :

« Créer et faire vivre la Heart Transplant Run est une expérience passionnante, qui nous permet de nous voir dans un contexte différent, de découvrir d’autres métiers, de nouvelles compétences. »

Au-delà de l’équipe du service, le soutien des patients et de l’hôpital

Elles ont aussi bénéficié du soutien des équipes médicales et de la direction de l’hôpital Louis Pradel, pour la communication autour de l’événement avec la création d’affiches et un relai sur les réseaux sociaux, et la fourniture de consommables le jour J. Et du soutien des patients passés dans le service : l’un d’eux, qui travaille dans l’informatique, a créé le site internet de la Heart Transplant Run ; un autre a fourni de quoi restaurer les participants. Certains patients proposent d’en conduire d’autres le jour de la course. « Les patients, parce qu’ils sont reconnaissants pour les soins qu’ils ont reçus dans le service, sont tous très volontaires. Ils veulent aider et tous ceux qui peuvent venir le jour J viennent. Une patiente qui vit au Portugal s’est arrangée pour fixer ses rendez-vous médicaux la semaine de la course », raconte Rachel, qui a rejoint les HCL en 2017 et a été séduite par le dynamisme du service, dans lequel elle se sent bien.

Pour Fanny, Léa, Pascale et Rachel, « retrouver les patients et leurs familles en dehors de l’hôpital et du soin est toujours un beau moment, qui renforce les liens entre les soignés et les soignants ».

Chaque année, un parrain par parcours – il y en avait quatre en 2023 – est désigné par les organisatrices. Les parrains sont le plus souvent des patients greffés ou porteurs d’un heartmate, un dispositif d’assistance circulatoire intracorporel.

Un pari réussi, des sourires et une fierté 

La première édition était « un peu comme un pari », sourit Fanny qui, en 2020, son diplôme d’infirmière obtenu, a choisi le CHU de Lyon pour avoir la possibilité de travailler avec des patients greffés et de se former en continu – elle prépare aujourd’hui le diplôme d’infirmier en pratique avancée. Avec ses collègues, elles ont appris à être « multitâche » et sont désormais bien rodées : pour sa deuxième édition, en 2023, la Heart Transplant Run accueillait 1000 participants supplémentaires, soit 1500 au total. En 2024, 2000 personnes sont attendues. Comme l’an passé, les bénéfices réalisés financeront l’achat de matériel médical. La création de l’événement a soudé les soignantes. « Le jour J, c’est que du bonheur. Quand on retrouve les patients, quand on regarde les photos, quand on voit que les participants sont heureux, on se sent fières de nous. »

Elles ont de quoi : en 2022, c’est à elles qu’a été décerné le trophée de la relation soignants/soignés lors de la journée de la santé organisée par Le Progrès.