L'hôpital Edouard Herriot, une cité jardin de l'autre côté du Rhône
Pour bâtir ce nouvel hôpital, l’architecte Tony Garnier reprend son projet de cité industrielle qu’il décline pour dresser les plans d’un hôpital qui rompt avec le passé et répond aux exigences de la médecine du XXe siècle. Il imagine des pavillons isolés, baignés de lumière, aérés et verdoyants. Les travaux débutent en 1913. Ils dureront vingt ans.
Un modèle de modernité
C’est une véritable ville dans la ville que l’on découvre en entrant sur le site de l’hôpital de Grange Blanche (1) . Ce ne sont pas moins de 156 000 m2 qui ont été réservés à la construction d’un hôpital à nul autre pareil sur le territoire rhodanien. Il marque une nouvelle ère, remplaçant le défunt et illustre hôpital de la Charité qui, depuis 1534, accueillait les plus fragiles.
À deux pas de la faculté de médecine Rockefeller, reliée au nouvel hôpital par un tunnel souterrain qui sera détruit pendant les travaux de la ligne D du métro au mitan des années 80, de l’école de soins infirmiers et du jardin botanique de la faculté de pharmacie, Grange Blanche compte, un an après son ouverture, 1 544 lits (et 60 berceaux). Vingt-trois services de médecine, chirurgie et spécialités se répartissent entre les vingt pavillons de l’hôpital qui prendra le nom de son promoteur, Edouard Herriot, maire de Lyon en 1935.
Cette année-là est inauguré le centre anticancéreux, sous la responsabilité de Léon Bérard, au pavillon B. Le nombre de lits s’élève alors à 1 723.
Les pavillons sont orientés en direction du sud ; le côté nord est réservé aux consultations. Notons qu’à l’époque les chirurgies sont réalisées à la lumière du jour, la lampe scialytique demeurant un éclairage d’appoint. Les pavillons sont reliés entre eux par un réseau de deux kilomètres et demi de couloirs souterrains, où transitent sur des trains de chariots électriques, les repas des malades, les médicaments, le linge, les lits, etc.
Autre innovation de Tony Garnier : le pavillon dédié aux concours, de l’externat aux épreuves de nomination des médecins des hôpitaux.
Un hôpital à géométrie variable
Dans les années 50 et 70, l’hôpital est rénové en fonction de l’évolution des lois, de la démographie médicale et du nombre croissant de patients hospitalisés (2 723 lits et 82 berceaux en 1953). L’hôpital héberge aussi un atelier de
mécanique, huit chaudières qui chauffent les pavillons, la faculté de médecine et l’école d’infirmières, un magasin pour le matériel, une lingerie qui traite vingt tonnes de linge sale par semaine, ainsi qu’une vaste cuisine. Sans oublier la chapelle et son christ en croix monumental, classée au patrimoine depuis 1967, qui accueille la communauté des sœurs de la Charité et de l’Hôtel-Dieu.
Au fil des décennies, les pavillons changent d’orientation et leur indication alphabétique suit une logique plus rigoureuse. L’architecture des pavillons permet l’agrandissement de la surface utile : de nouveaux laboratoires ouvrent dans les sous-sols éclairés par les douves, des unités de recherche s’intègrent au centre hospitalier, au plus près des services.
Par exemple, en 1958, l’unité de chirurgie expérimentale de l’Inserm est la première unité de recherche chirurgicale implantée en France, au sous-sol du pavillon M. Certains pavillons gagnent jusqu’à deux étages supplémentaires.
Une vocation d'actualité
Avec l’ouverture des hôpitaux neurologique, cardiologique, Femme Mère Enfant et du centre Léon-Bérard, l’évolution des spécialités et des prises en charge, l’hôpital voit certaines activités et lits se déplacer sur d’autres sites.
De plus, l’avènement de l’ère automobile, mais aussi la hausse des flux de passages dans les services d’urgence, soumettent le site à de fortes contraintes.
Au début des années 2000, un travail de réflexion est mené pour maintenir l’hôpital dans sa vocation pluridisciplinaire et aussi largement tourné vers les urgences. En 2013, le projet majeur de modernisation de l’hôpital amorce la réorganisation du plateau technique (blocs opératoires, soins critiques, urgences, imagerie).
La vision renoue avec la « cité-jardin pour les malades » de Tony Garnier, plus que jamais d’actualité dans le contexte du réchauffement climatique. Une vision respectueuse de la richesse patrimoniale d’un site hospitalier emblématique de la ville de Lyon.
Tony Garnier entre dans le XXIe siècle
Depuis le 20 octobre 2023, les urgences médicales, chirurgicales, traumatologiques et psychiatriques sont réunies au sein du tout nouveau pavillon N. Cette étape s'inscrit dans le grand projet de modernisation de l’hôpital Edouard Herriot, lancé en 2013 et reflète une nouvelle étape structurelle et symbolique.
Le schéma directeur immobilier actuel, qui aboutira à la réorganisation progressive de l’ensemble des activités sur l’établissement, est fondé sur le respect de cet héritage : s’inscrire dans la cité en offrant une médecine d’excellence et des prises en charges innovantes et poursuivre une démarche responsable sur l‘ensemble du site en utilisant l’architecture des pavillons pour développer et valoriser la cité jardin.
(1) Du nom du domaine sur lequel il a été construit
- Hôpital Edouard Herriot - Établissement
- L'hôpital Édouard Herriot a fêté ses 90 ans - Actualité
- Modernisation de l'hôpital Edouard Herriot - Page
- Groupement Hospitalier Centre - Rubrique
- Ces exploits qui font battre le cœur de l'hôpital Edouard Herriot - Actualité