Face à l’empreinte carbone de l’anatomie et cytologie pathologiques (ACP)

Le groupe « Ecopath » des HCL a mené une étude sur l'empreinte environnementale de l'ACP et notamment sur la fabrication des lames microscopiques d’examen standard et d’immunohistochimie. Le but ? Mettre en place des actions écoresponsables au sein du service, encourager et partager les bonnes pratiques.

La démarche écoresponsable initiée par les HCL fait des émules. Le groupe « Ecopath », qui rassemble les agents du service d'anatomie et cytologie pathologiques (ACP) des HCL (lire encadré), a estimé son empreinte environnementale pour mettre rapidement des actions en place afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre depuis le transport du prélèvement jusqu’à l’archivage.

Un groupe multidisciplinaire engagé

A l'initiative du groupe « Ecopath », deux médecins : Docteurs Alexis Trecourt et Lucie Gaillot-Durand avec une seule idée en tête « Comment mettre en place des actions écoresponsables au sein de notre service et encourager les bonnes pratiques ? ».

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Docteure Lucie Gaillot-Durand, Docteur Alexis Trecourt
De gauche à droite : Docteure Lucie Gaillot-Durand et Docteur Alexis Trecourt

 

« Nous pensons, qu’aujourd’hui en 2023, poser un diagnostic de qualité, c’est aussi prendre en considération les facteurs écologiques de notre activité, pour les patients, les professionnels mais aussi pour préserver la santé des générations futures. »  Docteure Lucie Gaillot-Durand, Docteur Alexis Trecourt

 

Tout cela n'aurait pas pu aboutir sans l'engagement et l'implication sans faille de l'ensemble des corps de métier du service :

  • l'équipe technique qui possède le savoir-faire pour préparer les lames (transformation des tissus, organes et biopsies en lames microscopiques) qui pourront faire l'objet d'observation au microscope,
  • l'équipe médicale qui interprète les lésions macroscopiques et microscopiques et réalise le diagnostic,
  • l'équipe de secrétariat et d’archivistes qui diffuse les comptes-rendus et gère les archives de lames et de prélèvements,
  • l'équipe du Centre de Ressources Biologiques des HCL et pool Biotech sur les aspects recherche et développement.

Calculer l'empreinte environnementale de l'ACP

En premier lieu, la démarche a débuté par l'identification des postes les plus émetteurs d'émissions à gaz à effet de serre pour prioriser les actions. Cette première étape a nécessité le calcul de l’empreinte carbone de l’activité du service d’anatomie et cytologie pathologiques. Ce calcul a été rendu possible :

  • d’une part par la réalisation d’un inventaire approfondi (exemple : produits/réactifs/électricité consommés et distance/type de déplacement des personnels) ;
  • d’autre part par le calcul des facteurs d’émission de gaz a effet de serre de chaque item (Dr Pierre-Jean Cottinet, ingénieur de l’INSA). Ce calcul a été réalisé selon la méthodologie de l’éco-audit (Ashby et al., 2007).

L’ensemble des items d’intérêts ont été pris en compte pour l’étude, à savoir :

  • les déplacements des professionnels (type de déplacement et kilométrage),
  • les transports des échantillons,
  • la consommation en matériels et des réactifs,
  • les conditionnements (packaging des matériaux et réactifs),
  • la consommation électrique des locaux/équipements,
  • l'archivage et la destruction des lames,
  • ainsi que les déchets spécifiques (exemple : élimination des pièces opératoires).
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Lames et blocs permettant de réaliser le diagnostic au microscope. De gauche à droite : une lame d’immunohistochimie, une lame de coloration standard (HPS), et un bloc de paraffine comportant le prélèvement et à partir duquel sont réalisées les coupes pour la fabrication des lames microscopiques.

 

L’empreinte carbone de réalisation d’une lame de coloration standard était environ de 0,6 KgCO2eq. Pour la fabrication d’une lame de coloration standard, les 3 principaux postes émetteurs étaient le transport du personnel, qui représentait 34 % de l’ensemble de l’émission de gaz à effet de serre, mais également les matériaux et réactifs qui représentaient respectivement 22 % et 17 %. Ces trois principaux postes émetteurs soulignent l’intérêt de mettre en place, d’une part des plans de mobilité dans notre institution, et d’autre part de réduire autant que possible la consommation de matériels et réactifs dans notre activité de soins.

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Répartition des postes émetteurs pour la fabrication d’une lame de coloration standard (HPS)

 

Ce premier calcul de l’empreinte carbone d’une lame, a permis au groupe « Ecopath » d’extrapoler à l’empreinte carbone de l’activité annuelle du service de pathologie multi-sites (hôpital Lyon Sud et le groupement hospitalier est). Concernant le nombre de prélèvements, cette activité représente 50 000 biopsies par an et plus de 200 000 pièces opératoires.

30 tours du monde en voiture thermique

La production annuelle des lames de microscope équivaut à l’émission d’environ 265 tCO2eq ce qui correspond en terme d'empreinte carbone à 30 tours du monde en voiture thermique, ou la production et destruction de 8 800 smartphones environ

Une approche globale et des actions concrètes

Les postes émetteurs ainsi identifiés ont permis de privilégier des actions de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, depuis le transport du prélèvement jusqu’à l’archivage et la destruction des blocs de paraffines et des lames.

« Sans faire de grands changements, il est possible d’agir en partageant les initiatives pour mutualiser les efforts de chaque action mise en place » Floriane Souilhat, technicienne au centre de biologie et d’ACP de l'hôpital Lyon Sud.

Fort de cette étude et de l'engagement des équipes, le groupe Ecopath s’est engagé dans une démarche globale avec des actions concrètes.

Diminuer la consommation de matériel

Plusieurs actions ont déjà été entreprises :

  • réduction significative de la commande de petits matériels (scalpel, pince à usage unique…) entraînant également une économie financière (éconologie : contraction d’écologie et économie),
  • réutilisation d’anciennes blouses en tissus et arrêt de commande de blouse jetables,
  • diminution de la commande de chiffons en remplacement des chiffons réutilisables,
  • modification de la référence de certains produits, comme les tubes flacon pour les cytologies, permettant d’éviter la commande de socle en polystyrène inutiles.

Diffuser les résultats

Les résultats ont fait l'objet de :

Encourager les bonnes pratiques au quotidien et sensibiliser les professionnels

Par ailleurs, le groupe projet « Ecopath » qui mettait déjà en place des actions de prévention et de formation souhaite poursuivre la valorisation de ces bonnes pratiques sur les thématiques de mobilité et de gestion des déchets.

De prochaines phases d'expérimentation et de test sont déjà prévues incluant entre autres des actions de communication sur les bonnes pratiques, la standardisation de process de prise en charge de prélèvements et le recyclage de certains réactifs. La numérisation des lames microscopiques dans le cadre du projet de pathologie digitale représente également un défi de taille, sur lequel le groupe Ecopath se penche actuellement.

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Blocs libres

Qu’est-ce que l’anatomie et cytologie pathologiques? 
L’Anatomie et Cytologie Pathologique (ACP) est une discipline médicale, qui étudie les lésions causées ou associées aux maladies sur les organes :  macroscopiquement et visibles à l’œil nu (exemple pièce opératoire avec lésion/tumeur), et microscopiquement sur les tissus et les cellules (visibles au microscope).