« Je crois profondément en notre capacité à transformer l’hôpital », Lauriane Lombardo

Son parcours illustre un engagement profond envers le service public et une conviction forte du rôle de l'innovation dans l’hôpital de demain.

Durant ces quinze dernières années, plusieurs opportunités se sont présentées, que Lauriane Lombardo a su saisir à bon escient. Pur « bébé HCL », pour reprendre ses mots, cette infirmière de formation et d’expérience est aujourd’hui cheffe de projet à la direction des services numériques et référente à la direction de l’innovation. Son parcours illustre le formidable potentiel d’évolution personnelle et professionnelle qu’offrent les Hospices Civils de Lyon.  

C’est à l’âge de vingt et un ans que la jeune infirmière, fraîchement diplômée, intègre son premier poste. Un jour seulement après l’obtention de son diplôme d’État, elle débute dans le service qu’elle convoitait depuis sa première année d’étude en soins infirmiers : la réanimation cardiaque à l’hôpital Louis Pradel. « Pendant mes dix semaines de stages, l’infirmière tutrice, à l’époque Nathalie Pottier, m’a vue travailler. En fin de stage, elle me propose d’intégrer ce service habituellement réservé aux infirmières expérimentées. Elle a vu en moi une professionnelle que je n’étais pas sûre de connaître moi-même. » 

Fille d’une sage-femme hospitalière et d’un père chef de police municipale, Lauriane a grandi dans la culture du service public et de l’engagement citoyen. Elle est, au cours de ces années, pompier volontaire, et aussi, joueuse invétérée de rugby. Ce qu’elle veut, c’est soigner « chaque patient dans les mêmes conditions ». La spécialité cardiaque correspond à ce caractère volontaire et déterminée, curieuse d’apprendre, impatiente de pratiquer les gestes techniques, de manier les machines de circulation sanguine extra-corporelle… Le contact avec le patient ne lui fait pas peur, au contraire. Elle veut soigner et prendre soin dans cet environnement particulièrement stimulant.

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Lauriane Lombardo debout
Lauriane Lombardo, cheffe de projet à la direction des services numériques 

Grandir et évoluer

Une deuxième opportunité s’offre à elle quand on lui demande de se former à la réanimation cardiaque pédiatrique. Son expérience professionnelle s’enrichit au contact des enfants et des adultes, des proches, des familles et des parents. Les années passent et sa cadre, Marielle Arpin, ainsi que Jean-Philippe Borello, cadre supérieur de santé, l’invitent à prendre un poste de faisant-fonction cadre de santé dans l’unité de surveillance continue (USC). « Là, j’apprends à gérer une équipe d’infirmiers et d’aides-soignants. » La jeune professionnelle s’investit pour réorganiser les temps de travail afin de les adapter aux besoins du soin et dans l’optique d’améliorer les conditions de travail des soignants.  

« L’USC cohabitait avec la transplantation cardiaque, ce qui n’avait pas lieu d’être. Les rythmes et la nature du soin sont différents. De plus, j’avais remarqué une certaine insuffisance en soin. » Ce qui peut sembler de modestes chantiers d’organisation cache un investissement personnel conséquent. Elle parvient à faire avancer le projet, et change le logiciel de surveillance du patient. Elle est à nouveau soutenue par son encadrement qui lui fait confiance, lui accorde de l’autonomie. « J’ai vu l’équipe grandir, évoluer. On a pu douter mais nous sommes parvenus à mener le projet à terme grâce à l’authenticité des équipes. » 

L’union dans l’adversité 

En février 2020, « pour la première vague de Covid, je prends un poste de cadre de nuit. C’est terrible et je me sens coupable d’envoyer des soignants au front sans masques. » Si la période est dure, elle n’en reste pas moins formatrice. « J’apprends à lâcher prise, à ne plus être dans le contrôle et à prendre des décisions rapidement. » Après le travail, la cadre rentre chez elle avec les angoisses de ses soignants et ses propres angoisses. 

À la rentrée 2020, Lauriane Lombardo est admise au concours de l’école des cadres à l’Institut de formation des cadres de santé du territoire lyonnais (HCL-Vinatier). Elle suit en parallèle les cours de l’IAE de Lyon en management des entreprises. Elle doit interrompre son parcours étudiant en novembre. La deuxième vague Covid la conduit en réanimation neurologique à l’hôpital Pierre Wertheimer. « Je dois monter un programme de formation flash en 48h et le mettre en application en cinq jours. Au final, tout se passe bien. L’expérience représente un vrai challenge. Les équipes sont impliquées. » Et de constater : « C’est dans les difficultés que l’union se fait. » Après cette deuxième vague épidémique, elle achève ses études, forte d’un master.  

Sa trajectoire ascendante se poursuit dans ce même hôpital où elle se voit confier l’encadrement soignant de cinq services. Et une nouvelle mission lui est confiée : monter la plateforme de neuromodulation, conçue par le Pr Patrick Mertens, chef de service en neurologie. « C’est passionnant ! Je monte un projet. Je n’arrête pas de bosser, mais j’ai conscience qu’à la fin, c’est au patient que cela va profiter. » Ce projet permet à la professionnelle de santé de cultiver sa part de créativité. Elle met en place des outils numériques, le télésuivi. La plateforme permet d’accorder plus de temps au patient, plus de confort et d’écoute. Pour les professionnels, médecins et soignants, psychologue et administratif, c’est une réelle avancée dans la prise en charge.  

Une innovation de terrain 

Dans cet environnement hospitalier et universitaire, l’ex-infirmière s’épanouit année après année. Son goût pour l’innovation et sa capacité à la traduire dans des actions concrètes font de Lauriane une recrue idéale pour le projet d’EnovexLab, laboratoire d’innovation managériale et organisationnelle par le numérique. En 2023, elle intègre donc l’équipe pour monter une expérimentation sur la relève inversée. « C’était une vraie opportunité. Quel cadre de santé peut avoir la chance de s’immerger dans quatre services sur un an ? Cette expérience m’apporte une vision large des HCL. Je touche du doigt la diversité qui fait la richesse et la complexité de notre CHU. » 

« Lorsqu’on parle d’innovation, on pense immédiatement à la technologie. Pourtant, l’innovation ne se limite pas aux outils numériques : elle est aussi organisationnelle, managériale et culturelle. Elle est accessible à tous et, surtout, elle est essentielle pour construire l’hôpital de demain. Dans le contexte actuel, l’innovation est la clé pour repenser nos pratiques et améliorer le quotidien des soignants comme des patients ». Elle déplore que le sujet de l’innovation soit encore trop peu abordé, que ce soit par les cadres ou dans les formations des futurs soignants. Convaincue qu’il est impératif d’acculturer les professionnels de santé à l’innovation dès leur formation, elle défend : « C’est un état d’esprit à développer, une capacité à penser autrement pour apporter des solutions concrètes aux défis du terrain. Innover, c’est accepter l’échec, apprendre en avançant et sortir du cadre. » 

La donnée au service des soignants  

Ce nouveau poste lui ouvrira un an plus tard les portes de la direction des services numériques. Dans l’équipe Pavod (pilotage d’aide à la valorisation des données du système d’information hospitalier), elle peut exploiter à fond son attrait pour la data. Son parcours témoigne de l’intérêt que le traitement des données peut avoir dans le quotidien des soignants. « Ce travail m’a révélé combien de temps pouvait être perdu inutilement et comment le récupérer grâce à des outils adaptés. » Aujourd’hui, dans son rôle de cheffe de projet Data, elle met ses compétences au service de solutions innovantes. Par exemple, deux projets récents ont permis de réduire significativement la charge administrative, libérant ainsi des ressources médicales au bénéfice des patients.   

Pour aller plus loin, elle a suivi une formation à l’EM Lyon sur l’intrapreneuriat. Elle y a appris comment créer de la valeur au sein de son propre établissement, à travers la gestion de projets innovants, la communication et le développement de modèles économiques viables. L’objectif est d’accompagner les professionnels de santé du terrain dans le dépôt d’appel à projets d’innovation des HCL. Récemment, elle a même commencé à apprendre le langage SQL (langage des bases de données), « afin de mieux comprendre l’univers informatique et d’enrichir ma capacité à dialoguer avec les équipes techniques. Cette montée en compétence est essentielle : la data est un processus transversal qui demande une vision d’ensemble et une capacité d’adaptation permanente. » 

Une vision d’avenir 

Son ambition est claire : être une véritable actrice de la transformation hospitalière et embarquer un maximum de professionnels dans cette dynamique. « L’innovation ne doit pas être une injonction venue d’en haut. Elle doit naître du terrain, des besoins réels des soignants et des patients. Trop de professionnels de santé s’autocensurent, alors qu’ils ont un rôle clé à jouer dans l’amélioration des pratiques. » Ainsi, elle rappelle que parfois, une simple astuce pour pallier un dysfonctionnement peut faire toute la différence. « La créativité, la persévérance et l’envie d’agir sont les véritables moteurs de l’innovation. Et je crois profondément en notre capacité à transformer l’hôpital. » 

Quant à son parcours personnel, elle résume avec conviction : « Il y a deux messages forts à retenir de mon parcours aux HCL. Le premier : aux HCL, changer de métier est possible. Mon passage d’infirmière à cadre de santé est assez classique, mais évoluer ensuite vers un poste de cheffe de projet Data, sans être ingénieure, l’est beaucoup moins. La diversité des métiers et la taille des HCL rendent possibles ces reconversions atypiques, riches et sans risque pour le professionnel. C’est une vraie opportunité. Le second : aux HCL, on peut porter plusieurs casquettes. Aujourd’hui, je partage mon temps entre un poste de cheffe de projet Data et un rôle de référente innovation. Cela me permet d’allier deux sources de motivation et de m’épanouir. C’est aussi une richesse pour l’institution, qui valorise ainsi tout le potentiel de ses professionnels. » 

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