Podcast | On'Comedy Club : Métastars et cellules comiques : coulisses du projet
L'artiste Nolwenn Guéhenneux vous fait revivre en 40min la naissance du spectacle. Une immersion sonore nourrie par des moments vécus sur scène, ainsi que les témoignages croisés des artistes et de la #TeamHCL.
Au cœur du soin et de la création
Imaginé pour faire trace de ce projet avec toutes les participantes qui l'auront traversé, et les actrices et acteurs qui l'ont rendu possible, ce podcast prolonge l'émotion des ateliers. On y entend les voix des participantes raconter leurs découvertes, leurs appréhensions et leurs victoires. Les témoignages des artistes Charlotte Fermand et Bamba Fall s'entremêlent avec ceux des soignantes et des équipes des HCL et du Théâtre de la Croix-Rousse.
Le podcast capture aussi cette dimension unique du projet : transformer l'hôpital, lieu de soins et parfois de souffrance, en espace de création et de rire. Sa créatrice été aussi une témoin privilégiée du projet qui observe qu’« il ne s’agissait pas d’apprendre aux participantes comme faire, c’était un échange d’expérience, à partir d’une réflexion menée par les participants sur ce qui est proposé étape par étape. Et les participantes ont toujours eu la possibilité d’entrer dans le projet, de sortir ou de faire une pause. C’est souvent réalisable avec les institutions culturelles mais moins évident dans le social ou le scolaire. C’est précieux, car cela permet d’adapter le projet à chacune, sans définir à l’avance à quoi va ressembler la restitution ».
Pour Véronique, « j’ai plaisir de venir à l’hôpital, même pour mes soins, parce que quand je viens en chimio on prend soin de moi, on s’occupe de moi, on me met des produits qui vont me permettre de rester en vie, qui vont me soigner ou me maintenir. Donc pour moi, c’est vraiment un endroit de bien-être où tout le monde est là pour prendre soin de moi. L’atelier stand-up est dans cette continuité, avec un ensemble de personnes qui vont dans le même sens, vers le soin et vers l’envie. L’envie, en un mot ou en deux mots, c’est-à-dire réveiller le truc de se dire qu’on est vivante, on est là, on s’amuse, on s’éclate. Cet instant présent, il est super important. »
Podcast et transcription
Le podcast alterne entre des témoignage individuels d'artistes, et des extraits d’ambiances enregistrés sur scène (indiqués par “Sur scène") où plusieurs personnes parlent en même temps.
Jingle : Un, deux et un, deux, trois, quatre, Métastars et cellules comiques.
Sur scène : alors, vous avez quatre kilos de feuilles ici? Servez-vous. Je vais essayer de faire de la place.
Artiste 1 : C'est un projet innovant. C'est-à-dire, comme son nom l'indique, stand-up, il faut se tenir droit. Et se tenir droit après un itinéraire de malade, on va dire. Je pense que c'est hyper important que d'avoir à prendre du recul sur soi-même, pour se tenir droite dans la vie. Et peut-être parler, verbaliser certaines choses qu'on a pu vivre, et y mettre une petite dose de rire et de distance.
Artiste 2 : En gros, nous ce qu'on fait, c'est que c'est qu'on écrit plein de choses.
Donc on écrit des choses sur notre vie, sur le monde qui nous entoure, sur la façon dont on imagine les choses et on y met des blagues à l'intérieur. Le but, c'est de pouvoir se servir des blagues comme un outil pour pouvoir faire passer des idées, faire passer des messages, des émotions, faire passer juste ce qu'on a envie de dire ou un ressenti. Le but, c'est de se servir des blagues comme un outil, comme dans. Comme dans plein de choses, comme dans la musique, on utilise son instrument comme un outil. Comme dans la peinture, on utilise le pinceau comme un outil. Bah nous, on va se servir des blagues et on va sculpter les blagues au fur et à mesure pour qu'elles donnent ce qu'on a envie de donner. Donc on va tous et tout écrire. Et puis on. Le but, c'est au final d'apprendre plein de techniques pour pouvoir jouer ce qu'on a écrit.
Artiste 3 : La découverte de ma capacité à écrire qui a été assez rapide au départ et peut être assez drôle aussi alors que je m'imaginais pas du tout être drôle et en fait c'est une découverte qui a été assez magique. Et la 2e, c'est le groupe quoi, c'est la rencontre avec le groupe. Et c'est vrai que Ben au départ je savais pas vraiment que c'était du stand up pour moi c'était juste un atelier théâtre. Donc après je me suis rendu compte que c'était pas forcément, voilà mon choix en sachant que les autres elles étaient vraiment là pour le stand up. Je me suis dit Waouh et en fait j’ai été super bien accueillie et je m'y suis sentie bien. Et c'est cette voilà cette découverte qui a été fantastique pour moi aussi. Et qui fait que je suis toujours là, dans le groupe.
Artiste 4 : Bah en fait pour moi je suis enfin je pense vraiment ce truc de il faut que il faut qu'on réussisse à rire de tout. Pour moi c'est vraiment pour moi c'est vraiment un devoir, c'est pas “est ce qu'on peut rire de tout”, c'est “on doit rire de tout”. Si on fait des blagues communautaires, on doit aussi faire l'inverse. Si on fait des blagues sur telle ou telle communauté ou sur tel ou tel sujet, il faut qu'on puisse faire le reste. Et pour moi ça trouve du sens ici en particulier parce que pour le commun des gens, la maladie c'est un endroit différent. C'est une phase de la vie qui est extérieure à tout et que si t'as pas de chance, t'es malade. Bah sauf que c’est un bout de la vie en fait. Et si de ce bout de vie on enlève le truc qui nous rend le plus humain, c'est à dire avec ce qui nous rassemble le plus, c'est rigoler. En fait, dans ces cas-là, on exclut vraiment toutes les personnes malades. Pour moi, c'est pour ça que c'est important, surtout dans ce contexte-là, c'est que on réussit à juste faire le lien avec le reste de la vie.
Sur scène : Donc celles et ceux qui ont donné leur poids, celles et ceux qui ont donné leur poids, vous avez senti ? Vous avez senti à quel point c'est fragilisant, à quel point on a. Vous voyez ce petit détail, ce petit moment. Donc essayez de essayez de donner à la personne à qui vous qui va vous donner votre poids, cette attention et cette sécurité. Voilà, OK. Bien sûr, donc on commence par poser les mains sur les épaules, vous, pouvez fermer, vous n'êtes pas obligé. Si à un moment donné ça passe pas, alors tu n'es pas obligé.
Artiste 5 : Ah oui, bien sûr, j'appréhendais de venir pour la première fois, mais en même temps rester chez moi, ça je sais faire depuis très longtemps déjà. Donc l'idée c'était de d'avoir un défi supplémentaire parce que relever un défi. De monter sur scène ou juste d'arriver au premier atelier qui avait déjà commencé, donc avec des gens que je connais pas, c'était un gros défi en soi. Et de surmonter un défi, enfin, de réaliser un défi. Dans l'écriture, c'est pareil de le réaliser dans la maladie. Et donc ça m'ouvre des portes ou ça les entrouvre en tout cas.
Sur scène : Bah moi oui, je me sentais peut-être un peu plus sécurisée que si j'avais été piquée toute seule là au milieu, parce que dès que je te sentais derrière, je me disais bon bah je peux, je peux continuer. Elle m'a pas encore dit de me taire. 
Donc non mais c'est vrai, c'est sécurisant. Tout à fait. On dit une chose, on dit une chose, quand on joue, on ne joue jamais seul, jamais. Alors il y a des gens qui, disent-ils, jouent avec des esprits, ils ont leurs âmes autour d'eux. 
Artiste 5 : Et puis arriver à rire, ça, je sais aussi le faire avec ma sœur, beaucoup. Après, faire rire les autres, c'est encore un autre travail, mais c'est le rire qui me permet toujours de garder cette distance avec la maladie et de me placer au-dessus. Parce que chaque fois, je me regarde en me disant : "Je vais faire rire ma sœur", parce qu'elle rit beaucoup, c'est pour ça. Voilà. Sinon, j'avais peur, mais c'était bien ça que je venais chercher, me confronter à la fin.
Animatrice : Et comment s'est passé ton premier atelier ?
Artiste 5 : En fait, j'étais super bien accueillie. Tout le monde avait la banane, le sourire, tout le monde était content, les animateurs étaient top, et il y a une ambiance qui est porteuse, et qui fait qu'on arrive aussi à surmonter, parce qu'on est plusieurs, parce que tout seul, On n'y arriverait pas, c'est évident.
Artiste 7 : ce genre de projet, c'est un peu à l'intersection de faire mon métier. Et en même temps d'ouvrir, de rencontrer des nouvelles personnes, de se permettre d'oser chercher des choses, d'oser partager des choses qui qu'on ne partage pas encore. Donc, en termes de matière artistique, de matière d'écriture, de matière de plateau, c'est des endroits d'exploration pour moi qui sont très précieux, très riches et rares dans les conditions de production et d'économies dans lesquelles on fonctionne aujourd'hui. Il y a plein d'endroits de résonance. En fait, dans cette recherche liée aux soins, si je pars vraiment de très loin, moi je suis, j'ai, je suis, on va dire, victime de trauma. Donc ça a été un point de départ pour me questionner sur la question du care et du soin. Et je suis aussi aidante d'une personne qui a un cancer depuis 8 ans, que j'ai accompagné pendant huit ans, une personne proche de ma famille, etc.
Ces questions sont arrivées dans ma vie personnelle, et de fait, j'ai un intérêt, une oreille, une sensibilité, et un questionnement de comment ça peut prendre sens dans le collectif, dans le groupe politique, dans notre vie politique, comment ça peut vivre, en fait.
Sur scène : Le lire de l'entendre, est ce que tu en es ? Comment ? Où t’en est ? Tu veux le lire ? Me le lire? Oui si tu veux.
Artiste 8 : Qu'est ce qui me plaît le plus? Tout me plaît. Qu'est ce qui me plaît le plus ? Pouvoir en fait. Eh Ben être surprise par les autres. En fait, des fois il y en a certaines, j'aurais pas parié, non je plaisante, mais j'aurais pas, j'aurais pas imaginé qu'elles étaient comme ça. Et en fait, découvrir des personnalités, des humours, des ouais, des capacités de mimes, de voilà de plein de choses. Et ça c'est vraiment très intéressant. Ça nourrit.
Sur scène : Madame, on vous propose une petite piqûre qui vous permettra de ne...Alors tout cela j'adorerais. Juste une petite anecdote à vous raconter. Mais ce qu'il y a c'est que ça va pas tenir pour la suite. Tu peux toujours parler de la des 2
Artiste 8 : C'est mettre en lumière, nos talents naturels. Parce qu'en fait, on est toutes drôles, comme d'autres ont dit, on est vraiment une bonne équipe. Et là, ça va pas seulement être pour nous et notre petite famille, mais ça va être pour le monde entier. Voilà, c'est ça. On va pouvoir s'ouvrir au monde et montrer notre talent. Et vraiment, on apprend plein de petites astuces pour pouvoir. Être encore plus drôle, et ça, c'est bien sympa.
Sur scène : Je ne suis pas vieille. Non, parce que là, si tu veux-je parle de l'invisibilité. C'est peut-être ça. Et puis après, je dis. Peut-être pas. Quand je dis mon cancer, encore un truc invisible. Encore ce truc invisible.
Artiste 9 : Alors, déjà, j'arrive à faire rire, parce qu'on a bien compris que le stand-up, enfin, on a pu aller sur d'autres types d'exercices, faire un peu de théâtre, faire de l'impro. Mais le stand-up, c'est quand même assez particulier. On peut être des meufs hyper rigolotes, mais finalement, il faut trouver vraiment l'angle pour entrer dans le sketch, dans le stand-up qu'on va faire. Donc ça, c'est pas si évident que ça.
Mais voilà, je me dis qu'on sera vraiment quand même prêtes pour ce jour-là et qu'on On doit aussi beaucoup croire en nous, en chacune d'entre nous. Et le groupe, il est là aussi pour nous. porter toutes les unes et les autres. Donc, voilà.
Artiste 10 : Alors le projet est fort parce que déjà, on met notre maladie sur le papier, et ensuite on fait passer des messages, et il y a aussi le groupe, ce groupe-là qui est indélébile. Ça crée pas mal de choses très fortes qui ne s'expliquent pas tellement c'est fort. Ce que je retiens, pour moi, Ça m'a boostée, ça m'a boostée dans ma vie quotidienne en fait. Et je suis vraiment, je suis pressée de venir. Les lundis, il fallait vraiment que je vienne, quand je venais pas, vraiment, je pouvais pas. Mais dans ma tête, les lundis, ils étaient bloqués, le matin bloqués, le lundi bloqués pour venir, parce que voilà, c'est ma bouteille de Perrier qui s'ouvre. Et plein de bulles, plein de bonnes choses quoi.
Alors, ce que je préfère, c'est retrouver mes copines, déjà. Là, je suis ravie de les retrouver, parce que je les aime toutes, profondément, différemment. Et ça, pour moi, c'est la dynamique du groupe. Elles m'apportent toutes, beaucoup, par leur originalité, par leur intelligence, leur talent, enfin bon, voilà.
Sur scène : Tibidi. Non, Tibidi. Zip. C'est toi du coup ? C'est toi Solange. C'est à toi de relancer. Zip ! Zap ! Zap ! Zip. Zap. Zap. Zou. Zap.
Artiste 10 : Et puis après, moi, je prends tout ce qu'on propose. Enfin, honnêtement, les propositions malhonnêtes, non, mais si elles sont honnêtes, ça va. Donc, oui, ça m'a intéressée de faire ça.
Sur scène : Est-ce que vous avez des c'est très actuel? Avec la musique, ça allait bien. Il est juste là, il est juste à côté, elle serait entrée. Quand je t'ai vu arriver sur le point d'après, puis que ta femme a changé tout de suite. Je vais voir mon. Donc là, vous avez vu une arrière grand chien. Par contre, on l'a perdu quelques fois à l'enfant. Mamie, elle a plus l'habitude.Il y a eu un moment ou deux où tu l'avais dans les draps et puis, il était plus dans les bras. C'est parce qu'elle riait.
Il y avait les langes, non, il y avait les langes. Je pense qu'il avait vraiment, il avait déjà bien déchargé. Vous avez quand même compris qu'il avait des couches pleines? Oui, on avait déjà appris que ça sentait.
Très bien. Écoute, c'était très clair. Après, est-ce que toi, tu as senti de l'intérieur que tu allais très vite? Oui, ça a été vite parce qu'après, je ne savais plus quoi faire de ce gosse.
Ariste 11 : Le stand-up, c'est quelque chose que j'ai jamais fait de ma vie évidemment et je suis contente d'être là et je sais pas comment ça va se terminer encore. Mais voilà, je suis très contente d'être là.
Artiste 12 : Moi, ce que je trouve de plus fort dans ce projet, c'est à quel point tout le monde est tout le monde va dans la même direction en fait, que ce soit les standupeuses participantes, que ce soit Charlotte et Bamba qui sont intervenantes intervenants, ou Camille et Charline de la Croix-Rousse, ou bien Sergueï des HCL et Nathalie et le docteur Cortet et toutes les personnes en fait qui rayonnent sur ce projet. On vient pas de la même entrée mais par contre on va vraiment dans la même direction et je trouve que c'est tellement précieux et salvateur et c'est ce qui fait que le projet en fait c'est une magnifique réussite en fait.
Sur scène : Bah oui, tu peux descendre. On va commencer la visite, et le camarade nous rejoindra. De toute façon, la première partie, elle est en extérieur, sur Paris.
Référente du Théâtre de la Croix-Rousse : Tout d'abord, car les HCL, notamment l'Hôpital de la Croix-Rousse, c'est un partenaire de proximité qui se situe littéralement en face du théâtre. Donc ça faisait complètement sens de penser un projet avec eux.
Sur scène : On vous attend sur scène. Le 20 juin. Et c'est quand, à quel moment le 20 Ça sera en soirée. Oui, on peut caler ça avec vous.
Référente du Théâtre de la Croix-Rousse : Au Théâtre de la Croix-Rousse, notre ligne directrice, c'est aussi de mettre en lumière les personnes les plus invisibilisées de notre société et notamment de permettre la prise de parole au plateau des personnes les moins vues et les moins représentées dans notre société. Donc ça implique des personnes qui pourraient être en parcours de soins et qui ne sont pas forcément représentées au plateau. Donc l'intérêt est, là, de les mettre au plateau et de, par le stand-up, proposer d'autres récits de vie qu'on n'a pas forcément l'habitude d'entendre.
Artiste 12 : Moi, ce que je trouve intéressant dans ce projet Comic Club, c'est la dimension d'humour, qui n'est pas forcément toujours présent dans tous les projets d'action culturelle. Évidemment, il y a toujours des moments de joie, des moments de collectif, mais là, la base est d'arriver à déclencher le rire, ce qui est quand même assez précieux dans ce projet. Surtout qu'on parle quand même de récits de vie, avec des personnes qui sont dans un parcours de soins. Donc cette dimension d'aller trouver le rire auprès de ces personnes qui sont dans ce moment de vie, je trouve ça très pertinent, très délicat, mais en même temps très beau. Et du coup, j'ai vraiment hâte de voir le résultat de ce projet.
Sur scène : Il y a des marches, attention. C'est dans cet espace-là qu'on fera la restitution tout ensemble. Le 20 juin avec vos proches, il y a que le. Restitution avec les femme, il y a 80 places.
Référent culture HCL : Il y a quelque chose de très touchant, toujours, dans ce qu'on peut rencontrer avec les participantes et les participants, et ce que ça peut drainer, je trouve, comme ce qu'on a envie de partager ensemble. Je pense que c'est quelque chose dont on a vraiment besoin, particulièrement dans notre monde actuel, et que l'hôpital puisse être un lieu et un vecteur d'émotions. Je pense que je m'y attendais pas tant que ça, et voilà, c'est quand même très chouette avec tout ce que ça vient. Ça vient, c'est à dire de on peut aussi parler de choses qui n'ont rien à voir avec l'hôpital comme le font dans ce spectacle. On peut avoir, on touche la grâce aussi des personnes. Y a quelque chose qui est qui est très important et qu'on n'est pas stigmatisé dans ce qu'on est. On est une personne, on n’est pas uniquement patient ou quoi que ce soit, et c'est important de changer ces regards-là, et puis de montrer, en fait, que chacun puisse, par l'expression, et tout ça, montrer qui il est et qui elle est.
Sur scène : Il n'y a plus personne qui souffre, aujourd'hui. Vous allez pouvoir leur poser des questions. Ils vont peut-être pouvoir plus répondre que nous. Gabrielle, enchantée. Bonjour Christine, enchantée. Enchantée? Bonjour Nolwenn. Enchantée? Bonjour Nolwenn, enchantée. Enchantée? C'est marrant. Enchantée. Enchantée? Disons que dans le plus petit commun dénominateur qui nous relie, qui est donc le cancer. En fait, les hommes, ils ne sont pas malades. A priori, ils ne sont pas malades, ils ne s'expriment pas, alors que nous, on arrive. Ça leur est peut-être pas proposé. Ben si, bien sûr que si. Mais qu'est-ce que c'est? Mais si. Chacun fait son mieux. Mais vous alors, du coup, vous êtes. On est malades, on est toutes des... On a un lien commun. On a un lien commun, un dénominateur commun qui est, voilà, autour du cancer. Le cancer spécifique. Le cancer. Le cancer à des féminins différents. Oh, quoique, il y a du début de route, du fin du milieu. D'accord, donc il y a une hiérarchie. Ah, non ! Elle vit des histoires. Elle est pareil pour tout le monde. On efface dans les histoires. On ne va pas écrire forcément sur le cancer. Bamba nous a expliqué que vous faites ça une fois par semaine avec lui. Oui, c'est ça, et avec une comédienne aussi. D'accord, OK. Charlotte. Charlotte qui a son spectacle..
Artiste 12 : La capacité à surprendre, justement. Le fait de pouvoir se dire : "On vient, je viens", Je viens faire quelque chose avec tout le monde, je viens construire, et puis finalement, je me surprends moi-même à faire des trucs pas si bofs que ça.
Je suis surprise par les propositions qui sont faites, qui fusent de tous les côtés. Est-ce que tu veux faire ci ? Est-ce que tu veux faire ça ? Il y a un stand de plâtre, qu'est-ce que tu fais ? Est-ce que t'es dispo ? Le truc d'être tout le temps. Amener vers quelque chose de nouveau et vers des du partage vers vers ouais c'est surtout ça ouais le cette capacité à ne pas être prévisible quand on arrive le matin, c'est à dire Ben tiens, qu'est ce qui va se passer aujourd'hui ? J'ai mon plan et puis finalement y a toujours des trucs en plus sur le fil d'actu du groupe de se dire mais Ah mais finalement y a ça, y a ça, y a ça, et puis y a ça qui va se passer et puis. On passe son temps à, enfin moi, je passe mon temps à être surprise et à interpeller, et c'est stimulant.
Sur scène : J'espère qu'on aura beaucoup de concerts, cette année. Elles ont compris cancer, les nazes. Alors, me voilà, toujours heureuse, toujours déjantée, et en plus, maintenant, branchée. Deux semaines sur trois. Mais l'important n'est pas là. L'important, c'est de garder en tête que la vie est belle, et que j'en fais partie. De profiter de chaque sortie, de rigoler de machin. Enfin voilà, je vous la passe parce que c'est un petit peu long, il faut que je leur écrive et c'est de prendre le pied à perfusion comme partenaire et de danser avec. Et d'affirmer haut et fort à mes petites cellules rebelles et dyslexiques, mes petites cocottes, vous allez, vous, avez voulu vivre votre vie ? Bad news. Je vais vous filer la pile du siècle. Et moi, Mimi, 60 Balais, mamie foldingue, bosse peleuse acharnée et cancéreuse récidiviste. C'est moi qui vais vivre ma vie parce qu'il est temps et que je le vaux bien.
Non mais en tout cas, vraiment, je voulais remercier chacune d'entre vous pour toute cette belle énergie qu'on a su s'apporter. Et puis finalement, comment on s'est apprivoisé au au cours du temps, on s'est.
Et puis merci Ben à nos 2 coachs aussi. Pourquoi vous nous avez fait un super cadeau en nous accompagnant ? Ça, c'est vraiment le cadeau qu'on n'attendait pas. Qui aurait pu revenir qu'à 84 ans, j'allais me mettre à faire cela.
Artiste 14 : Au début, ça aurait pu être gênant pour nous de revenir toutes les semaines, plusieurs fois par semaine, sur le lieu où on a été soigné, où on a subi des interventions. Eh bien, pas du tout, au final, comme dit Lili, on est au dernier étage, on est dans les nuages, et enfin, pour moi, peut-être pas vous, mais on finit par oublier que c'est l'endroit où il y a de la souffrance, où il y a de la peur, de l'angoisse.
Sur scène : Il y a une autre phrase que j'adore, c'est : « Souris, et la vie te sourira. » Ah, celle-là, elle est bien. Donc moi, du coup, je suis méga souriante. Je souris, je souris, je souris. J'ai dû faire un AVC, sourire de travers, parce que la vie, elle m'a pas compris. C'est resté une vieille toute frigide. Cancer sur cancer, métastase sur métastase. Mais c'est pas le pire ça, non ? L'autre fois, j'arrive en soirée, un lendemain de chimio, je fais voir mes potes. "Salut, bonjour, comment vous me trouvez ?" Et là. Exclamations. Applaudissements. Ils étaient tous là. « Mais il est dingue ton déguisement donc le fétide, mon préféré de la famille Adams.
Artiste 15 : C'est aussi un lien, puisque finalement on fait ce projet alors même qu'il est monté par des personnels des HCL. Et c'est aussi, pour eux, j'imagine, un autre regard sur nous. C'est-à-dire qu'on n'est plus que des patientes, nous redevenons des personnes aussi à part entière. Donc, c'est apporter du soin sans la partie adjuvante des soins thérapeutiques qu'on a habituellement. Donc, c'est aussi intéressant pour ça. Et nous, aussi, puisque finalement on a des temps d'échange avec ces soignants-là, quand ils viennent voir le travail qui est fait, et où finalement on se voit aussi, on les voit eux aussi différemment.
Sur scène : Alors j'adore me donner des défis, et le premier défi aujourd'hui, c'est d'être devant vous ce soir. Alors pour clore tout cela, je suis une personne, j'adore rire, mais alors faire rire, franchement, je déteste ça, mais vraiment. Et là je me retrouve ici. Bah c'est vraiment la loose parce qu'en fait je suis bah super timide.
Artiste 15 : Alors moi je pense effectivement que ce projet est vraiment à l'image des professionnels qui l'animent et qui le portent, comme Nathalie. Et puis le docteur Cortet. Voilà, ça transpire la bienveillance. Et un petit peu comme quand on va au bloc opératoire de chirurgie du bâtiment de gynécologie où bah c'est des moments de stress, d'angoisse pour le patient. Mais il y a toute cette bienveillance aussi et je trouve qu'il y a une sorte de continuité dans cette prise en charge. Vraiment de qualité du patient, de l'accueil, de la prise en charge du bloc jusqu'aux ateliers.
Sur scène : Bon, si vous en êtes d'accord, j'aimerais partager encore quelques petites choses avec vous. Oui, parce qu'on m’a même dit ; "T'as l'air cultivé et intelligent." Alors là, les bras m'en sont tombés. On pas m’a pas dit "Tu es cultivé !" "T'as l'air intelligente !" Ah lalalalala ! J'ai été vraiment dépitée ! Eh oui, parce que vous vous souvenez bien, je suis prof d'E.P.S. Enfin. On est d'accord, j'étais prof d'EPS, fichu cancer. Et là, vous voyez tout de suite le rapprochement avec l'intelligence. Un sifflet, un chrono autour du cou, mais ça vous aide même. Pas à avoir l'air intelligent.
Pro des HCL : C'est l'aspect universel du rire et des choses qui font rire, c'est de partager, qu'on soit patient, chirurgien, soignant, acteur, eh ben, en fait, oui, on rit tous. C'est le propre de l'homme et de la femme et donc de pouvoir de se retrouver autour de ça. Bah voilà, c'est des moments dans la au quotidien. Moi d'habitude, j'ai ma posture de chirurgienne et les patientes elles me voient comme la chirurgienne et ça on ne change pas, c'est comme ça. Mais là c'est un moment de partage comme on a pu l'avoir devant des œuvres comme on a pu lors de la biennale ou comme on a pu l'avoir lors de lecture de leurs textes. C'est des moments justes d'humanité, d'universalité, en fait, et c'est des moments très forts de pouvoir partager ça avec les patientes.
Sur scène : je rentrais justement de l'hôpital, avec un sein en moins, et pas mal d'angoisses en plus. Je rencontre ma voisine de palier, Colette. Elle pleurnichait parce qu'elle venait d'être cambriolée ! Voilà, j'aurais vraiment aimé la plaindre. Franchement, je n'y arrivais pas. J'ai juste pu lui dire, genre. Ils ont dû quand même être grave déçus les cagoulés. Il n'y avait pas grand-chose à piquer chez toi. La chance qu'il soit parvenu chez moi. Alors là, ça n'a pas dû lui plaire. Parce que, elle m'a claqué la porte au nez, Colette, la Schtroumpfette. Depuis, je comprends vraiment pas pourquoi elle ne m'adresse plus la parole.
Artiste 16 : Ma perception, elle est plutôt sur... moi j'ai plaisir à venir à l'hôpital, en fait. Même pour mes soins, quand je viens en chimio, on prend soin de moi, on s'occupe de moi, on met des produits qui vont me permettre de rester en vie, qui vont me soigner ou de me maintenir. Donc pour moi, c'est vraiment un endroit de bien-être, en fait, où tout le monde est là autour de moi pour prendre soin de moi. Et l'atelier stand-up est dans la continuité. C'est-à-dire qu'on a un ensemble de personnes qui vont dans le même sens, vers le soin et vers l'envie. L'envie, en un mot ou en deux mots, c'est-à-dire que de réveiller ce truc, de se dire : on est vivantes, on est là, on fait des trucs, on s'amuse, on s'éclate. Et cet instant présent, il est super important. Je trouve qu'il se conjugue à plusieurs et il amène ce truc qui fait qu'on se dit. Enfin, moi, quand tu m'as proposé, Floriane, de venir au stand-up, je me suis dit : "Oui, enfin, je vais faire un truc. "Je vais faire un truc, un vrai truc qui va me faire plaisir, "ou je vais me lancer sur une aventure et on redevient vivants non pas passifs, mais actifs." Et ce côté actif, je trouve qu'il est hyper important et hyper présent.
Sur scène : Et puis le vieux, par contre, lui, bonhomme rouge, bonhomme vert, il n'en a rien à ******. Lui, il attend juste le bon moment. Le moment où il va bien faire chier à tout le monde. Et là, il s'en va. Un jour, il y a un conducteur qui va pas avoir la patience, il va foncer, il va pas attendre la loi sur la fin de vie.
Pro des HCL : ce que nous, on recherche dans le service, c'est que les patientes soient acteurs de leur prise en charge. Donc très vite, on leur dit que c'est à elles de prendre les décisions. Nous, on est là pour les accompagner et que ce soit le plus juste possible. Et là, le fait de monter sur scène, de se retrouver face à un public, eh bien, c'est d'avoir les. D'être ancré dans le sol, sur le plancher, c'est reprendre le pouvoir.
Sur scène : je reconnais pas ma porte, je tape pour rentrer chez moi. Toc, toc, toc. Et là, oh mince ! Deux femmes étrangères qui m'ouvrent la porte de chez moi. "Ah bon, bonjour, bonjour tout le monde. "Ah ben, on est chez nous !". "Non, je ne crois pas, c'est chez moi." Je viens récupérer mon canapé et mes rideaux. "Ah ben non !" "Ben si !". Et là, qu'est-ce que je vois ? Des étrangers assis dans mon canapé. Il n'y a pas que ma mère qui fait des trouvailles, moi aussi.
Artiste 17 : Quand on a terminé le processus, ou quand on est en cours de processus, parce que même quand on est dans l'hôpital, celui-là, ou d'autres, selon les cas, ça fait quand même une parenthèse ou un espace où on peut s'échapper, et où on peut rire, et voir les choses sous un autre angle.
Et cet espace d'une heure, 1h15, il est salvateur. En fait, c'est une bouée de sauvetage. On s'accroche à ça. Et du coup, on vient dans l'hôpital où on est soigné, pour un autre motif qui est beaucoup plus drôle, pour retrouver des copines, pour relever des défis, pour se surprendre, pour être surpris par les exercices, pour s'adapter. Ça développe plein de qualités, et plein de qualités que des fois, on a en fait au fond, et qu'il faudrait juste arriver à exploiter pour s'en servir dans d'autres, dans d'autres situations.
Sur scène : Tout ça, ça me fait penser que quand même, entre secteur public et secteur privé, il y a quelques petites différences. Je me souviens, il y a ça quelques années, avec mon doudou, on est partis faire des examens ensemble.
Lui, c'était pour une coloscopie, et moi, pour une gastroscopie. Ah, dans cette clinique privée. Ils ont vraiment fait des économies, parce que même famille, même tuyau.
Artiste 18 : Le plus petit commun dénominateur, c'est le cancer ou la maladie, ce que l'on ne peut pas enlever à cet atelier, c'est qu'on le sait, je sais que tu sais, tu sais que je sais. Et une fois qu'on est là, on est juste humains, des femmes qui sont dans un atelier, qui ouvrent une parenthèse, qui vont sortir et qui vont faire le meilleur d'elles-mêmes, pour être que des femmes, rien d'autre.
Sur scène : Il y a aussi les gens qui évitent le crâne. Par exemple, ils te disent : « Si tu as besoin, on est là. » Alors, ils te le disent une fois, et tu sens bien qu'il faut quand même vraiment avoir. Voilà, si vraiment, je veux dire, tu n'as pas d'amis, tu n'as pas de psy, l'hôpital est fermé. T'as déjà dans la main ? On a avant de se tirer quand tu peux quand même appeler. On sait jamais si l'intelligence, s'ils comprennent et s'ils sont disponibles, évidemment. Oui, il faut qu'il t'envoie quelqu'un, mais c'est quand même vachement important.
Artiste 19 : Avant toute chose, on est au HCL. On est au dernier étage d'un immeuble, où partout, il y a des patients, des gens malades. Et en plus, nous, on a bien navigué dans tous les services, entre autres ici gynéco. Et pour la petite anecdote, le fait d'être au dernier étage, face aux nuages, dans un atelier de stand-up, c'est quand même le plus joli symbole de se dire que sur un cours de maladie, on arrive au quatrième étage, en stand-up. On n'est pas en art-thérapie, par contre, j'insiste beaucoup. Si on a besoin d'aller voir un psy, on va voir un psy. Mais ce qui est super important, c'est de se remettre dans la vie réelle en se disant, au sein des HCL, on nous replonge dans une vie qui sera peut-être la nôtre ou pas, de se dire en passant par le stand-up, c'est peut-être aussi une façon de mettre une petite parenthèse sur un itinéraire où tout est tracé : chimio, immuno, opération. C'est tout ce qu'on peut imaginer. Là, non, on fait du stand up. Et je reviens encore sur cette symbolique. Stand up, c'est tenir droit avant toute chose, par rapport à soi et aux autres.
Conclusion : « Métastars et Cellules Comiques » est un projet porté par le Théâtre de la Croix-Rousse et les HCL Hospices Civils de Lyon, avec les artistes Charlotte Fermant de la compagnie Hystera et Bamba Fall de Hilarant Productions. Ce projet est soutenu par la DRAC, l'ARS et la Région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que l'association Interstices. Un grand merci à Charline Philippe et Camille Jeannet du Théâtre de la Croix-Rousse, ainsi que le docteur Marion Cortet, Nathalie Piazzon, Sergueï Piotrovitch et toutes les personnes qui ont rendu ce spectacle possible, en particulier dans les services d'oncogynécologie des hôpitaux de la Croix-Rousse et de Lyon Sud. Un immense bravo à Stéphanie, Mireille, Anne-Christine, Solange, Floriane, Véronique, Hélène, Florence, Lily et Patricia.
C'était un podcast réalisé par Nolwenn Guéhenneux.