« En santé environnementale, un cercle vertueux s’instaure dès lors que l’on commence à agir », Dr Marine Sarfati

Médecin en santé publique, la docteure Marine Sarfati sensibilise les professionnels de santé à la santé environnementale. Une démarche qui se veut collaborative et participative.
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Dr Marine Sarfati, service de recherche et épidémiologie cliniques aux HCL

Pouvez-vous définir la santé environnementale et expliquer en quoi elle se distingue des autres spécialités médicales ?

Les activités humaines dégradent la nature, et ce de manière accélérée depuis la révolution industrielle : réchauffement climatique, érosion de la biodiversité, cycle de l’eau… La santé environnementale rappelle qu’une bonne santé va de pair avec un environnement sain, de notre lieu de vie à notre lieu d’exercice professionnel. La médecine environnementale interroge notre rapport au vivant, du végétal à l’animal, ainsi que notre rapport à l’autre, sur une planète où tout est interconnecté et les ressources limitées.

Quelles sont les compétences nécessaires à un professionnel de santé qui souhaite développer ses connaissances en santé environnementale ?

Il faut être ouvert à tous les domaines de la science, à l’interdisciplinarité et prêt à travailler dans une démarche collaborative et participative.

La santé environnementale dans les pratiques cliniques peut-elle améliorer la santé publique ?

Les professionnels de santé ont un rôle majeur à jouer dans la mise en œuvre de politiques publiques en matière de santé environnementale, en apportant leurs expertises issues du terrain. Il est possible de contribuer à rendre notre société plus respectueuse de la santé et de l’environnement. La création du poste de santé publique sur la santé environnementale, que j’occupe au CHU de Lyon, est un signal fort de démarche vertueuse.

Des stratégies de prévention peuvent-elles minimiser l'exposition des patients aux risques environnementaux ?

C’est dans ce but que je travaille, en collaboration avec le service 3P (pour prévention, promotion de la santé et santé populationnelle). Notre volonté est de mettre en place des stratégies de prévention à l’échelle de la population. Nous réfléchissons par exemple, à des stratégies contre l’exposition à la pollution chimique via les perturbateurs endocriniens ou l’obésité. Des stratégies construites avec la Métropole et la Ville de Lyon visant par exemple à augmenter la végétalisation des rues de Lyon pour réduire les îlots de chaleur, diminuer la pollution et améliorer la santé mentale. Dans le service de recherche et épidémiologie cliniques, nous étudions un parcours patient en santé environnementale, projet mené en collaboration avec des hospitaliers et des usagers. L’objectif est de créer de nouveaux parcours de soin qui intègrent l’importance de la santé environnementale, avec des messages de prévention, que ce soit à destination de femmes enceintes ou des patients atteints d’une maladie chronique.

Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux professionnels pour les sensibiliser à l'importance de la santé environnementale ?

En santé environnementale, un cercle vertueux s’instaure dès lors que l’on commence à agir. S’attaquer aux facteurs à l’origine de la maladie, c’est tenter de résoudre plusieurs problèmes à la fois. À ce titre, la santé environnementale porte un message d’espoir pour la santé des patients, dans un contexte où les maladies chroniques prennent une place croissante.

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