« Ici, je peux accompagner les patients et leur partager ma passion pour le sport », Jérôme

Il y a toujours eu le sport, dans la vie de Jérôme. Avant l’accident qu’il a eu à l’âge de 24 ans et après, avec son fauteuil. Jérôme est animateur sportif à l’hôpital Renée Sabran depuis 13 ans et joue avec l’équipe de France de handibasket : une double vie facilitée par une convention passée avec les HCL.

Comme les patients qu’il accompagne, lui aussi a dû réapprendre à vivre après un accident de moto qui l’a rendu paraplégique à 24 ans, en 2005. Lui aussi est passé par l’hôpital Renée Sabran pour sa rééducation, entamée sept mois après l’accident et qu’il a effectuée « très rapidement, en deux semaines ».

À sa sortie, le lien avec l’établissement se maintient : Jérôme y revient toutes les semaines pour jouer au basketball avec d’autres anciens patients et les nouveaux. Les années qui suivent, l’ancien forestier bûcheron élagueur prend le temps de s’adapter à son nouveau quotidien, de s’habituer à son fauteuil.

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Jérôme, animateur sportif à l'hôpital Renée Sabran
Jérôme, animateur sportif à l'hôpital Renée Sabran et fait partie de l’équipe de France de handibasket

Mettre son expérience et son talent au service des patients

Il ne reprend pas une activité professionnelle tout de suite, mais rejoint le club de handibasket de Hyères en 2008, un peu plus de deux ans après son accident. Très vite, le sport « prend une place majeure dans [sa] vie et [sa] reconstruction ». Ce qu’il voyait au départ comme un loisir pour « s’occuper, faire de l’activité physique, prendre du plaisir et garder un lien social » devient un mode de vie à part entière : « C’est un sport complet, qui nécessite de manier le fauteuil, qui requiert de l’engagement, du contact, le sens du collectif, c’est à la fois physique et ludique. » Arrivent la première sélection en équipe de France, en 2010. Les entrainements, les stages, les compétitions. Et, finalement, l’envie de retrouver une vie professionnelle « comme tout le monde ».

En 2011, Jérôme retrouve l’hôpital Renée Sabran situé sur la presqu’île de Giens, de l’autre côté cette fois et devient animateur au sein du service de médecine physique et de réadaptation.

« Grâce à mon statut de sportif de haut niveau, j’ai pu obtenir un poste d’animateur dans le pôle de médecine physique et de réadaptation. »

Passé les premières semaines où « revenir travailler sur le lieu de sa rééducation ravivait des souvenirs douloureux », Jérôme prend la mesure de tout ce qu’il pourra apporter aux nouveaux patients. L’animateur se sent utile pour les nouveaux accidentés. Il sait lui aussi qu’il peut être éprouvant de « trouver sa place après un accident, quand on se demande à quoi on pourra bien servir, que le fauteuil est difficile à accepter et le regard des autres difficile à supporter ».

Ce père d’une petite fille de 6 ans « aide les patients à voir que la vie continue malgré le handicap, qu’il est possible de se construire une vie épanouie et heureuse, d’être actif et autonome. « Ce que j’aime le plus, c’est de voir des patients récemment accidentés réaliser qu’ils vont pouvoir vivre. Que leur vie va continuer. Je me souviens d’un patient qui pratiquait régulièrement le kite-surf avant son accident. Lorsqu’il m’a vu aller à l’eau et me baigner en totale autonomie, il s’est mis à pleurer. Il a réalisé que lui aussi pourrait y retourner. »

L’équipe, au cœur du quotidien de travail et de l’engagement sportif de haut niveau

L’animateur est là pour apprendre aux patients à manier le fauteuil, à gérer les transferts dans la voiture ou la baignoire et les gestes de la vie quotidienne. Mais aussi pour échanger avec eux dans le respect de leur processus d’acceptation, car « il faut parfois du temps avant de pouvoir entendre certaines choses » - un bon animateur doit donc savoir être à l’écoute. Son travail est l’une des pièces essentielles d’un travail d’équipe global, avec les deux autres animateurs, les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes, les médecins et les soignants. C’est aussi cet aspect collectif qu’il aime dans son métier : « Je me suis toujours senti bien intégré à l’équipe. Le cadre de travail paradisiaque, les bons rapports avec le chef de service et la cohésion de groupe rendent le quotidien très agréable. »

En parallèle, le sport de haut niveau est resté. Les Hospices Civils de Lyon ont tenu à l’accompagner dans sa vie d’athlète. Depuis l’an dernier, Jérôme bénéficie d’une convention conclue avec le CHU pour aménager ses horaires en fonction des compétitions avec son club et avec l’équipe nationale. Le sportif se sent épaulé.

« J’apprécie cette liberté et surtout, je sens qu’on me fait confiance. J’ai l’impression d’avoir le même statut que tous mes collègues. »

Le programme des prochains mois est déjà arrêté : « Objectif Jeux Olympiques », avec le tournoi qualificatif au mois d’avril avec l’équipe nationale. Et après ? Jérôme a 42 ans, sa vie de sportif de haut niveau touche à sa fin. Mais pas question pour lui d’envisager d’arrêter le handbike, le paddle, le ski, la randonnée en montagne et le vtt de descente qu’il pratique « dès qu’[il] a un moment de libre ». « Le sport m’a sauvé la vie. C’est le meilleur anti-dépresseur, un moteur puissant pour la reconstruction, le développement des capacités et l’apprentissage de l’autonomie. Le sport exige un dépassement personnel. L’apprentissage de la vie avec un handicap aussi. »

Dernière mise à jour le : lun 18/03/2024 - 09:05
Blocs libres

Jérôme a participé à la nouvelle campagne de communication « ICI, JE PEUX » car il se voit rester animateur à l’hôpital Renée Sabran, le métier qu’il a choisi ne pouvait pas mieux lui correspondre.

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Campagne ICI JE PEUX avec Jérôme