Fœtopathologistes, des experts très recherchés

On en compte moins de 90 sur l’ensemble du territoire national. Formés à l’anatomocytopathologie, les foetopathologistes sont les spécialistes du développement normal et pathologique de l’embryon et du fœtus. Une expertise française reconnue à l’international.

Au CHU de Lyon, la professeure des universités et praticienne hospitalière Sophie Collardeau-Frachon et ses homologues sont sollicités par des généticiens, obstétriciens, pédiatres etc., pour réaliser des autopsies de fœtus et nouveau-nés morts in utero ou à la naissance, ou issus d’interruption médicale de grossesse car porteurs de graves malformations. 

L’autopsie a pour but de confirmer les malformations vues à l’imagerie anténatale, d’en déceler d’autres et de rechercher la cause du décès. Cet examen permet d’orienter ou de poser un diagnostic dans plus de 90 % des cas.

Au sixième étage du centre de biologie, à deux pas de l’hôpital Femme Mère Enfant, l’anatomocytopathologiste mène des investigations tant macroscopiques que microscopiques, « qui requièrent beaucoup de minuties, des équipements spéciaux, du personnel non médical et des heures de travail. Chaque autopsie requérant près de douze heures de travail dont sept heures de temps médical », souligne-t-elle. Aux HCL, six fœtopathologistes (1) assurent entre 200 et 300 autopsies par an.

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De gauche à droite : Dr Béatrice Nadaud, Dr Alexandre Vasiljevic, Aurélien Klentzi assistant technique et Pr Sophie Collardeau-Frachon

Une enquête multidisciplinaire

L’examen fœtoplacentaire, soit l’examen du fœtus et du placenta, consiste en un bilan radiologique, un examen clinique externe et interne, suivi d’une analyse au microscope des prélèvements tissulaires de chaque organe. Si nécessaire, des prélèvements sont conservés pour réaliser des études génétiques complémentaires.

L’objectif est « d’aboutir à un diagnostic aussi précis que possible sur l’origine de l’échec de la grossesse, permettant aux couples de comprendre les causes de la perte fœtale et d’évaluer le risque de récidive pour des grossesses ultérieures », informe la spécialiste et présidente de la société française de fœtopathologie (2).

La spécialité mobilise de nombreux savoirs, nécessitant des connaissances en histologie, embryologie, génétique et obstétrique. Parce qu’il est complexe et multidisciplinaire, il arrive ainsi que le diagnostic posé permette de faire avancer les connaissances, d’en savoir plus sur telle pathologie et, parfois même, d’en découvrir de nouvelles ignorées jusqu’alors.

Une formation pionnière

Cette surspécialité, aujourd’hui incontournable dans le diagnostic prénatal, est née au milieu des années 80 avec le travail de médecins pionniers dans le domaine des anomalies du développement embryo-fœtal. En 1999, le diplôme universitaire de fœtopathologie devient le diplôme interuniversitaire de pathologie foetale et placentaire. En 2019, la formation spécialisée transversale de fœtopathologie plus spécifiquement dédiée aux internes succède au DESC créé en 2004. La France est ainsi le seul pays qui dispense une formation universitaire dédiée à la pathologie fœtale, néonatale et placentaire accessible à l’ensemble des acteurs de la médecine foetale, médecins et sages-femmes (2).

« Notre expertise est recherchée par les médecins en France et à l’international. Et demeure ô combien utile aux parents qui ont besoin de connaître l’origine du décès de leur enfant pour faire leur deuil, éviter d’autres grossesses à risque et éventuellement dépister des maladies génétiques dans la fratrie », résume la praticienne et enseignante de l’université Lyon 1.

À l’échelle du territoire national, ce sont environ 6 000 autopsies qui sont pratiquées chaque année.


(1) Pr Sophie Collardeau-Frachon, Béatrice Nadaud, Alexandre Vasiljevic (GHE) ; Frédérique Le Breton, Fabienne Allias-Montmayeur, Lucie Gaillot-Durand (GHS).

(2) http://soffoet.fr/

Dernière mise à jour le : jeu 25/01/2024 - 15:42