Chirurgie programmée à l’hôpital Édouard Herriot : de la technique et des émotions
Maud Regudy, cadre de santé en charge du secteur « dur » de la chirurgie programmée, est déjà à pied d’œuvre quand les autres se lèvent à peine. « Chaque jour apporte son lot d'imprévus : patients qui annulent, problèmes techniques, complications… C'est grisant, mais il faut être vigilante », explique-t-elle. Elle gère les ressources humaines paramédicales comme la programmation opératoire, en véritable cheffe d’orchestre en lien avec les équipes du bloc et les services d’hospitalisation. En cette matinée, l’activité est intense. En salle de régulation, Isabelle, aide-soignante, veille à la fluidité des parcours de soin, assurant l’accueil des patients et l’aval par la recherche de lits d’hospitalisation après chirurgie. Devant ses deux écrans, elle se tient informée des interventions en cours et à venir. Dès qu’une salle est prête à accueillir un nouveau patient, les équipes des blocs la préviennent. « L’objectif est de perdre le minimum de temps opératoire. » Les patients passent ensuite en zone de pré-induction pour l’anesthésie avant de se réveiller en salle de réveil… prêts pour l’hospitalisation ou le retour à domicile.

L’activité chirurgicale bat son plein de 7h40 à 17h20. En salle 1, le docteur Jean-Christophe Bel termine d’implanter la prothèse de hanche de son premier patient de la journée. Les coups de maillet résonnent tandis qu’une odeur d’os scié flotte dans l’air aseptisé. « Le patient, naguère suivi en pédiatrie, est atteint par une maladie rare. Il nous a été adressé par le centre référent maladie rare de l’HFME et nous vient de la région parisienne », indique-t-il.

La chirurgie programmée est le théâtre d’interventions chirurgicales variées et formatrices. Dans la salle 2, une opération débute, supervisée par le docteur Victor Rutka : la greffe d’un tendon pectoral qui permettra au patient de fléchir à nouveau le coude dont la mobilité a été perdue à la suite d’un accident de la route. Face à son écran, Charlotte, Ibode depuis 4 ans au Bloc H, actualise la traçabilité de l’ensemble de l’intervention. Matériel, instruments, installation du patient, horaires, pansements, tout est checké minutieusement : « Dans mon métier, en plus du travail d’équipe, ce que j’aime c’est la technique, la rigueur, la réflexion et la manipulation du matériel. » « L’instrumentation est une très belle spécialité infirmière qu’il faut envisager comme une évolution professionnelle », commente Maud Regudy. En salle 3, le docteur Ruben Hermann, spécialiste en oto-rhino-laryngologie (ORL), s’attaque à un cholestéatome, tumeur due à la présence de peau dans l'oreille moyenne. La concentration est soutenue. Il n’y a pas d’interventions anodines, car toutes peuvent voir surgir des complications. Ici, chaque instrument est compté et chaque geste est mesuré.

« On ne s’ennuie pas, sachant qu’il y a un gros travail d’inventaire pour s’assurer qu’il ne manque rien et que chaque instrument est dans la bonne boîte », commente Christelle, aide-soignante à la pré-désinfection. C’est elle qui réceptionne et décontamine tout le matériel de chirurgie, à l’aide de laveurs-désinfecteurs, avant stockage et renvoi à la stérilisation centrale des HCL (Lire Tonic n°188, page 18). Là aussi, la rigueur est de mise car le matériel technique occupe une place très importante pour des raisons d’hygiène et de sécurité, et volumineuse dans les salles où il est entreposé, impliquant une maintenance préventive et curative protocolaire méticuleuse.
Tout ce matériel est pourvu par une équipe technique, composée de trois infirmiers de bloc opératoire et un infirmier anesthésiste. Ces derniers travaillent en étroite collaboration avec la pharmacie de l’hôpital, passent commande aux laboratoires, des implants, vis, plaques et dispositifs anesthésiques qui seront utilisés lors des interventions. Ils se tiennent informés des avancées médicales, de la disponibilité des stocks, pour pouvoir répondre à toute demande jusqu’aux besoins en matériel des chirurgies les plus complexes nécessitant des instruments spécifiques. « Il faut vérifier le contenu à réception de la commande, stériliser le matériel avant de le conditionner pour le jour de l’intervention, sachant qu’un prêt peut représenter jusqu’à vingt ancillaires (boîte d’instruments médicaux, ndr) », relève Edith, ancienne Ibode rattachée à l'équipe technique.
Un environnement technique et humain stimulant
« On s’entend bien, il y a un vrai esprit d’équipe », affirme Marie, infirmière au bloc H depuis cinq ans. Au bloc, les échanges peuvent parfois être crus, mais l’ambiance reste solidaire. « Il est important de décompresser en plaisantant, de poser les choses et de décharger le stress », souligne Maud. Elle, comme les autres, est déterminée à optimiser la chirurgie programmée et à attirer de nouveaux talents. « Notre outil de travail offre un énorme potentiel », retient le Dr Bel. « Nous travaillons en dix heures, avec un ou deux jours de repos par semaine. Si nous avons besoin d’un médecin anesthésiste durant l’opération, nous avons le soutien nécessaire. Nous ne sommes jamais seuls en cas de situation complexe, ce qui est rassurant », précise Éric, infirmier anesthésiste, qui travaille au Pavillon H depuis son ouverture. Kevin est infirmier anesthésiste depuis octobre 2023, et lui aussi dit avoir trouvé « l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, raison pour laquelle j’ai choisi de travailler en chirurgie programmée. » Il apprécie en outre la diversité des spécialités chirurgicales, de l’ophtalmologie à l’orthopédie, en passant par l’ORL et jusqu’à la radiologie interventionnelle. « Une diversité très intéressante en sortie de diplôme », fait-il remarquer.

Outre la diversité chirurgicale, la qualité de l’accueil et les modalités d’intégration des nouvelles recrues contribuent à renforcer l’attractivité du service. Chaque nouvel arrivant bénéficie d’un accompagnement adapté selon le niveau d’expérience de 1 à 3 mois, doublé par un pair. Ne comptant pas alors dans les effectifs, il peut passer en revue les fonctions de son poste en toute sécurité et sans pression, soutenu par des temps de réévaluation de sa pratique. « C’est très important de comprendre l’environnement quand on arrive et d’être présenté aux équipes », indique Sophie, Ibode depuis 17 ans et tutrice de formation. Sa plus grande satisfaction est de voir évoluer les uns et les autres, prendre confiance et s’épanouir dans leur activité professionnelle.

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Les blocs recrutent
Des postes d’infirmiers et d’infirmiers de bloc opératoire sont à pourvoir dans l’ensemble des blocs du pavillon H, en chirurgie programmée et aux urgences. Le temps de formation est adapté selon le niveau et les expériences du professionnel. En 7h30 ou 10h du lundi au vendredi, ou encore du 12h en alternance jour/nuit, les horaires varient. Une immersion est possible tout au long de l’année pour découvrir les conditions de travail dans les blocs opératoires de H, et aussi, dans les pavillons I (dédiés aux brûlés) et L (endoscopie) de l’hôpital Edouard Herriot.
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