Ces mouvements qui redonnent vie aux brûlés
« Une brûlure profonde, c’est une plaie qui devient une cicatrice. Nous intervenons dès l’arrivée du patient pour identifier au plus tôt les zones fonctionnelles à risque, c’est-à-dire les articulations, et assouplir la peau », explique Elena Aivar Molinero, kinésithérapeute. Une peau brûlée, c’est une peau qui a perdu son extensibilité, une peau rétractée qui réduira le mouvement, « comme si un adulte avait revêtu un pyjama d’enfant », illustre la professionnelle.
La kinésithérapie commence dès l’entrée du patient dans le service, jusqu'à la couverture complète du patient par des greffes au bloc opératoire. « La kinésithérapie pratiquée ici se différencie des kinés classiques. Nous ne cherchons pas à muscler mais à étirer la peau pour garder les amplitudes des articulations touchées sans occasionner de nouvelles plaies », précisent Laura Rodriguez Abejon et Lucie Fertat. Pour cela, ces professionnelles expérimentées fabriquent des attelles thermoformées adaptées à chaque patient. « La routine n’existe pas. Chaque soin, plus ou moins complexe, varie selon le patient et l’étendue de ses brûlures », souligne Laura. « L’hétérogénéité des soins fait la richesse de notre pratique », complète Elena.
Un travail intense pour tous
Le centre des brûlés des HCL, plus grand centre de France, compte dix lits en réanimation, quatre lits en soins continus, six lits en pédiatrie et dix lits en chirurgie adulte. Adjacent au centre, le laboratoire de substituts cutanés est unique en France.
Réanimation, chirurgie et rééducation constituent les trois piliers de la brûlologie. Les kinésithérapeutes interviennent à toutes les étapes de la prise en charge. « Il est très intéressant professionnellement de pouvoir travailler en équipe entre kinés, paramédicaux et avec les médecins », apprécient- elles. Les patients en réanimation sont les cas les plus lourds avec au moins 40 % de peau brûlée et pour certains avec des comorbidités. La durée moyenne de séjour en réanimation varie selon le pourcentage de surface de peau brûlée. Certains patients peuvent donc y être maintenus pendant plusieurs mois. « Le soin est difficile et intense. Il faut expliquer l’importance de la rééducation. Rien que pour lever le bras, nous avons besoin d’environ vingt centimètres de peau. Le patient travaille tout le temps. Parfois,
on lui demande de tenir la posture plusieurs heures pour gagner cinq degrés d’extension. Il faut alors négocier, proposer le soin plus que l’imposer. » Et ce sont ces efforts qui permettront au patient de gagner en autonomie. « Un jour sans travail, cela peut être un pas en arrière », commente Elena. L’approche est globale, continue, la remise en question, permanente. Pour cette équipe investie, au contact de patients dont la détresse peut être désarmante, la satisfaction est grande quand quelques mois après leur passage, elles revoient « un patient habillé, qu’on ne reconnaît pas tant il a changé, nous gratifiant d’un grand sourire… »
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