Amélioration de la survie des patients atteints de cancer en France
L’étude sur la survie des patients atteints de cancers en France métropolitaine s’intéresse au concept de « survie nette » qui permet de mesurer la mortalité spécifiquement liée au cancer. Elle porte sur 73 localisations et propose des estimations actualisées de la survie à 1, 5 et 10 ans après le diagnostic, ainsi que l’évolution de la survie depuis 1989 pour les tumeurs solides et les hémopathies malignes.
La survie des personnes atteintes de cancer entre 1989 et 2018 s’améliore pour une large majorité de localisations cancéreuses.
Le rapport a été produit dans le cadre d’un programme partenarial associant le service de biostatistique des Hospices Civils de Lyon (Pôle de santé publique), l’Institut national du cancer, Santé publique France et le réseau des registres des cancers Francim.
Le service de biostatistique des HCL, qui analyse les données collectées, a développé une nouvelle méthode statistique permettant d’interpréter de manière plus fine les résultats et ainsi d’apprécier l’amélioration globale du pronostic des patients.
Une « résolution d’image » beaucoup plus nette
Pour la première fois, l’étude présente des estimations de survie par sous localisation anatomique ou histologique ainsi que des estimations de survie 20 ans après le diagnostic. Ces données ont pu être obtenues grâce au travail du service de biostatistique des HCL, qui a développé de nouveaux modèles statistiques innovants, dits « flexibles ».
Par rapport aux méthodes utilisées auparavant pour estimer la survie nette, cette nouvelle méthode offre une meilleure restitution des variations complexes de la survie nette et du taux de mortalité en excès, en fonction de l’âge de la personne et/ou de l’année du diagnostic.
Ces modèles permettent de décrire, par exemple en cas d’amélioration de la survie au fil des années, si cette amélioration est observée quel que soit l’âge au diagnostic ou si, au contraire, elle ne se vérifie que chez des patients jeunes. De la même façon, la notion de temporalité par rapport au moment du diagnostic est étudiée : parfois en effet, l’amélioration de la survie n’est observée qu’au début du suivi, du fait par exemple d’une meilleure prise en charge post-chirurgicale.
Ces « photographies » reflètent les évolutions dans les traitements et la prise en charge des cancers et/ou les caractéristiques des tumeurs dans un niveau de détail bien supérieur. On peut désormais étudier de manière toujours plus fine l’impact, entre autres, des progrès thérapeutiques sur la survie des patients.
« C’est comme si on passait d’une radio à un scanner ; on voit beaucoup plus de choses ». Alexandre Pachot, Directeur de la Recherche en Santé des HCL
Biostatisticien, un professionnel de santé publique
La santé publique utilise des indicateurs tels que la survie, l’incidence ou la prévalence pour évaluer et suivre la santé des populations. Le suivi de ces indicateurs au cours du temps et en fonction de différentes caractéristiques (classiquement l’âge et le sexe) est un élément d’information épidémiologique essentiel : il permet par exemple pour l’indicateur « survie » de mesurer, entre autres, l’impact des progrès thérapeutiques sur la survie des patients atteints de cancer.
Ce suivi nécessite de modéliser les indicateurs en fonction du temps et des caractéristiques afin de lisser les variations liées à l’imprécision des estimations ponctuelles des indicateurs. Tout le travail du statisticien réside dans l’écriture mathématique et l’implémentation des modèles permettant ce lissage : ce travail de lissage permet alors une interprétation plus fine et plus riche des données.
Les données de survie nette contribuent aux orientations des politiques de lutte contre les cancers. Elles constituent en effet un indicateur d’évaluation tant du système de santé en matière de prévention que des progrès thérapeutiques et des soins en cancérologie.